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Faussaire

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Jean-Bernard Bonnot, le personnage principal du livre, pourrait à lui tout seul symboliser notre époque, chômeur éternel, écrivain à ses heures, séducteur, vaguement prof de philo… Il passe sa vie dans les cafés à s’interroger sur notre début de XXI° siècle. Un jour, grâce à la rencontre d’une richissime Américaine et d’un escroc italien, il entre malgré lui dans une introspection qui va le plonger au cœur du monde de l’art, au cœur de sa propre folie. Si ce roman peut servir de mode d’emploi sur la façon de s’en sortir en période de crise, il offre aussi, avec beaucoup d’humour et une certaine noirceur, une réflexion sur la réalité et la dissimulation.

©  Couverture Eva Largo

8 €

Version française
English version

« FAUSSAIRE » Bande-annonce (English subtitles)

Dossier de presse

Ce livre, né d’observations réelles, raconte comment un petit escroc se trouve propulsé dans le monde opaque de l’art grâce à une rencontre amoureuse. L’intrigue s’appuie sur des personnages que l’auteur a rencontrés ou imaginés en fréquentant les marchands et les salles de ventes. Si une enquête qui a eu lieu après la publication de ce livre a déclenché de nombreux procès, le roman, lui, permet de laisser filtrer des informations peu connues du grand public. Il est fait mention, dans ce livre, de plusieurs tableaux très importants : un Cranach, un Gentileschi, un F. Hals, un Parmesan, un Bruegel, d’autres… Suggérant qu’il s’agit sans doute de faux, l’auteur explique, à mots couverts, comment ils ont été fabriqués et quelles sont les techniques utilisées par un faussaire de génie qui a longtemps sévit en Italie. Interviewé à la télévision, l’auteur déclara qu’en dépit des apparences, de nombreux tableaux anciens étaient faux, mais qu’il fallait alimenter le marché en raison de la rareté des produits et du pouvoir d’achat énorme des investisseurs. Il parla, à cette occasion, d’un faux Frans Hals donné pour authentique par tous les laboratoires scientifiques, y compris celui du Louvre, et par la plupart des experts. On ne prit pas la chose au sérieux et l’on considéra qu’il s’agissait là d’une pure supposition fictionnelle. Coïncidence ? Ces mêmes tableaux, attribués et déclarés authentiques par des experts émérites, analysés par de prestigieux laboratoires, appartenaient tous à un certain G. Ruffini qui, lui-même, ressemblait étrangement à Giordano, le faussaire du roman. À partir de là, fiction et réalité se mêlèrent : « Et si ce roman disait vrai ? Et si ces tableaux, prétendument authentiques et attribués, étaient réellement des faux ? » Pensèrent un certain nombre de personnes.
Ce qui donna naissance, selon l’expression des journalistes, à « l’affaire Ruffini ».

Courts-métrages à propos de Faussaire

Liens médias

Quand la justice et la presse s’en mêlent

Un juge, s’appuyant sur le roman et une lettre anonyme, décida de saisir, lors d’une exposition à Aix en Provence, un tableau appartenant au Prince du Lichtenstein représentant une Venus attribuée à Lukas Cranach l’Ancien (tableau dont l’auteur avait parlé). Un tableau de Gentileschi (dont il avait également parlé), exposé à la National Galerie de Londres, fut décroché ; le Franz Hals, mentionné sur BFM, fut remboursé par Sotheby’s ainsi qu’un tableau de Parmesan (également mentionné dans le roman) vendu par cette même maison.

La presse s’emballa. Point de Vue, l’Express, Le Figaro, Art Newspaper, le New York times, Le Canard enchaîné, etc, s’intéressèrent à « l’affaire ». Paris, Londres, l’Italie, les Etats-Unis… voulurent connaître le fin mot de l’histoire. Ayant fréquenté de très près le faussaire dont il est question dans le roman, l’auteur eut droit à une garde à vue et des procès furent intentés un peu partout dans le monde. Le journaliste Vincent Noce (Libération, Le Journal des Arts, La gazette de Drouot) l’interviewa ainsi que l’ancien propriétaire des tableaux, G. Ruffini.

On parle aujourd’hui de clients abusés, d’experts incompétents, de laboratoires peu fiables. D’autres tableaux sont aussi suspectés (Velasquez, Breughel, Le Greco, Vasari, etc.)

Il est désormais question de 250 millions de dollars de faux !

L’expertise en question

Cette anecdote assez croustillante – mais est-ce vraiment anecdotique ? – aura permis de soulever une question précise : celle de la valeur de l’expertise et des laboratoires scientifiques en matière d’art.

Que valent, en effet, les expertises et les laboratoires quand on apprend que le Portrait d’un gentilhomme de Frans Hals (1580-1666) a été classé trésor national en 2008 après avoir été longuement analysé par le laboratoire du Louvre ? Il en va de même pour la Venus attribuée par deux experts à Cranach l’Ancien (1472-1553) maître de la Renaissance allemande. Quant à cette « peinture surprenante » (dixit les experts) attribuée à Orazio Gentileschi (1563-1639), elle a été examinée et restaurée par Arcanes, restaurateur habituel du Musée du Louvre, et son attribution validée par les trois experts mondiaux du peintre : le Pr. Francesco Solinas, le Dr. Roberto Contini et le Dr. Mina Gregori. Ce que confirme Francesco Solinas : « Pour moi, le tableau est vrai car il a été restauré devant moi ». Un tableau qui est pourtant passé par le Musée Maillol (2012), la foire européenne de Maastricht (2013) et la National Gallery où furent effectuées les vérifications d’usage : analyse pigmentaire, rayons infrarouges et ultraviolets. Ce tableau, représentant David contemplant la tête de Goliath, finement exécutée sur du lapis-lazuli, aurait été, toujours selon les experts, réalisé aux environs de 1612. Cette peinture sur pierre serait « un cas unique dans l’œuvre du peintre italien de l’époque baroque, ancien disciple du Caravage… Sans doute un précieux cadeau commandé par le pape Paul V ». C’est ce que suggère un rapport de l’expert Francesco Solinas, directeur scientifique au CNRS qui, bien entendu, considère comme scandaleuses toutes ces accusations de faux. « Une œuvre étonnante et géniale de beauté ! précise Alexandra Lapierre, biographe d’Artemisia Gentileschi, fille d’Orazio. Presque un travail de miniaturiste qui, s’il est bien de Gentileschi, éclaire sa carrière d’une toute autre manière ».

Pourquoi ne lui connaît-on pas d’autres peintures du même genre ? Pas de réponse de l’intéressée. Il est vrai que l’on n’est jamais à l’abri d’une erreur d’attribution.… En fait, quelles que soient les conclusions de l’enquête, ces rumeurs feront des victimes sur le marché de l’art ancien et les acheteurs pourraient se méfier des raretés surgies de l’ombre.

Un roman qui donne de nouvelle pistes

Cette réédition en poche de Faussaire, éclaire d’un jour nouveau les attendus qui font de ce roman le déclencheur d’une enquête internationale inédite et d’un scandale sans précédent : celui « des plus beaux faux exécutés à ce jour dans l’histoire de l’art ».

La préface de Vincent Noce – qui écrit actuellement un livre-enquête sur cette affaire – et la postface de Charles Illouz – professeur à l’Université de La Rochelle, qui analyse et interroge les mécanismes d’attributions de l’expertise au travers de l’exemple du Caravage récemment découvert dans un grenier toulousain –, offrent ici une  réflexion inédite à trois voix menée sur les faux dans l’art et ses conséquences sur le marché.

Le roman ouvre ainsi un débat sur l’authenticité des œuvres, sur la fonction d’expert-marchand et la spéculation en matière artistique.

Si tout ce qui est dit, à mots couverts, dans ce roman est vrai alors la valeur exorbitante des œuvres risque d’en être affectée. La récente vente spectaculaire du De Vinci chez Christie’s à 450 millions de dollars aurait aussi bien pu servir d’exemple.

Aujourd’hui l’affaire est loin d’être éclaircie tant sont fumeuses les expertises et les conclusions scientifiques contradictoires. Espérons qu’elle ne soit pas étouffée et que la facétie romanesque soulèvera une réelle interrogation sur la fiabilité des expertises et des laboratoires scientifiques. Les intérêts économiques dans le marché de l’art sont énormes, les enjeux financiers démesurés et le cadre juridique fort mince.

Cette facétie permettra-t-elle de mesurer à quel point la confiance repose, dans ce domaine, sur du vent ? Ce même vent qui pourrait emporter, d’ici peu, ce beau château de cartes spéculatif.

https://www.parismatch.com/Culture/Art/Giuliano-Ruffini-le-virtuose-qui-se-joue-des-experts-1680248 

http://www.lequotidiendelart.com/articles/8794-exclusif-apres-l-affaire-cranach-l-affaire-gentileschi-a-la-national-gallery.html

http://www.telerama.fr/scenes/de-faux-tableaux-et-un-corbeau-peut-etre-enfin-demasque,139767.php#2VLcL2rqbOsBOtSc.01

https://www.lejournaldesarts.fr/marche/giuliano-ruffini-lancien-proprietaire-de-la-venus-attribuee-cranach-saisie-par-la-police-se

1 Comment
  • Jules-François Ferrillon
    11:28 AM, 29 janvier 2023

    Lorsque le livre fut publié, les lecteurs et les journalistes ont pensé, à tort, que j’avais écrit un roman sur de faux tableaux et sur les combines relatives au milieu de l’art. Ils ont donc été déçus. Ce malentendu est né à cause du scandale international qui fit suite au roman et que Vincent Noce, journaliste d’investigations, a intitulé « L’affaire Ruffini ».
    En réalité, j’ai juste voulu écrire un livre autour de la problématique du faux : fausses relations, faux rapports sociaux, faux amour, faux narrateur, fausse autobiographie, faux auteur, faux positionnement par rapport au réel… Les faux tableaux n’étant, dans ce livre, qu’un épiphénomène d’une époque devenue en elle-même totalement fausse.

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